Ce document, dont l'idée première revient à Serge Soudoplatoff, est conçu pour être à la fois utile et agréable aux possesseurs (et futurs possesseurs) de pianos anciens, et plus spécialement des marques Pleyel et Erard. Il doit énormément aux personnes qui, surfant sur le web et découvrant le site, ont eu la gentillesse de me communiquer des détails et des images de leur instrument et ont ainsi entretenu un cercle vertueux. Certains m'ont invité à venir admirer, examiner, mesurer, photographier leurs instruments (que ceux dont je ne me suis pas encore rendu à l'invitation sachent que ce n'est qu'une question de temps). Donc un grand, grand merci aux lecteurs de plus en plus nombreux de ces pages qui ont eu, ont et auront la gentillesse de m'envoyer des photos, des renseignements utiles ou passionnants (ou les deux), des corrections, des encouragements. J'essaie de répondre à leurs questions mais qu'ils ne me tiennent pas rigueur des délais souvent longs!
La première partie du document est apparentée à un recueil d'information technique et pratique ainsi que de conseils aux amateurs et aux passionnés. Quelques données techniques peu connues, notamment sur les cotes de réglage mécanique spécifiques à Erard et Pleyel et sur les particularités de montage en cordes de ces pianos, pourront intéresser les professionnels.
La deuxième partie du document est une sorte de musée virtuel, une promenade en images devant (et parfois dessous ou à l'intérieur) de nombreux instruments des maisons Pleyel et Erard, agrémentée de quelques commentaires qui peuvent compléter utilement la première partie.
Je me suis laissé aller à quelques digressions sur deux firmes anglaises importantes: Clementi et Broadwood. La maison Broadwood était liée industriellement à Pleyel et à Erard via leurs filiales londoniennes: une querelle d'antériorité entre Erard et Broadwood sur des brevets de mécanique à répétition n'a pas empêché Pleyel et Broadwood d'échanger des composants et des méthodes (comme la mécanique à peigne). L'extrême raffinement de la facture de Clementi n'a pas empêché son successeur Collard de fournir Broadwood en quincaillerie, et finalement les quatre marques (sans doute les préférées de Frydek Chopin) se sont fortement influencées mutuellement. Le piano français du XIXème est en réalité un piano franco-anglais, une improbable mais géniale synthèse insularo-continentale, au confluent de l'artisan écossais Broadwood, du pianiste italien Clementi, de l'artisan allemand Erard, du pianiste autrichien Pleyel.
Je demande aux personnes qui reconnaissent ici les images et les renseignements qu'ils m'ont envoyés, de bien vouloir vérifier que je n'aie commis ni erreur sur l'objet ni indiscrétion sur la personne, et s'ils le veulent bien, de m'autoriser à mettre leur nom en clair plutôt que leurs initiales. Ceci étant, je comprends très bien etc. et je ne veux ni aider les cambrioleurs, ni être un délateur de l'ISF (à supposer qu'il y ait une différence). Mon voisin d'en face a une grande culture en cinéma, en gastronomie et en femmes: il a pour cela, au fil des années, dépensé au moins autant que moi pour acheter mon château. Je propose que l'Etat, qui pratique la double peine fiscale pour les uns et non plur les autres, lui fasse payer tous les ans un impôt proportionnel à la valeur des souvenirs qu'il a ainsi accumulés, et à son décès, que ses héritiers de toutes générations paient une taxe sur l'héritage des longues histoires de ses exploits, qu'il a racontées au coin du feu.
If you know of a grand Pleyel or Erard piano produced before 1930, or any Pleyel or Erard earlier than 1850, please let me know. I will be grateful to get pictures and descriptions (serial number, decoration, date of original purchase if available, range, etc. - preferably in electronic form). These pictures and descriptions will be included in one of the next editions of this document, anonymously or with the owner's name and location if I get your permission to do so.
Si vous possédez ou connaissez un piano à queue Pleyel ou Erard, soit à queue datant d'avant 1930, soit de tout modèle datant d'avant 1850, merci de me le faire connaître. Les photographies et descriptions sont bienvenues (sous forme électronique de préférence), ainsi que publicités et documents sur les instruments apparentés (imitations, sous-traitants, marques annexées ou apparentées), et les autres instruments Pleyel (clavecins, clavicordes, harpes) ou Erard, de fabrication française ou anglaise. Bien entendu je vous renverrai rapidement vos documents originaux. Je n'indiquerai votre nom, vos coordonnées postales ou électroniques en clair qu'avec votre autorisation (que je souhaite - sinon, je me contenterai de mentionner le prénom, l'initiale et la ville ou la région).
The serial number is in most cases printed in ink on a rectangular paper label glued to the interior side of the right cheek, next to the right hand music desk rail. It may sometimes be directly stamped into the cheek. Some pianos also have a type number (containing letters and digits); most also have a "factory number" (4 digits usually) used in the factory to prevent from mixing up parts from different pianos (legs, music desks etc.)
Je suis toujours intéressé par le numéro de série. Sur les Pleyel, le no. de série est généralement imprimé sur un papier collé à l'intérieur de la joue droite de l'instrument, près de l'articulation de la béquille, quelquefois pour les très anciens indiqué à l'encre sur la planche de signature au-dessus du clavier. Sur les Erard il est habituellement marqué à l'encre, au pochoir sur la table d'harmonie près de la corde la plus grave, et souvent répété sur les accessoires amovibles (pupitre ...) pour éviter les confusions. Attention, le numéro de série est uniquement composé de chiffres; il existe aussi un numéro de type, qui m'intéresse aussi; il contient une lettre à l'intérieur mais qui n'aide pas beaucoup à dater l'instrument. Chez Pleyel on trouve aussi un "numéro de fabrique" (généralement à 4 chiffres) que l'on retrouve souvent sur les pieds, la lyre, le couvercle, le pupitre et la mécanique.
Je suis aussi intéressé par l'histoire propre de l'instrument (ne serait-ce que sa date et son lieu d'achat s'il en reste trace: cela permet de vérifier ou de préciser les tables de datation qui sont souvent approximatives) et les détails significatifs comme l'étendue (nombre d'octaves), la longueur de caisse, le type de mécanisme. Une facture d'achat originale (même sans le piano qui allait avec) ou un certificat d'origine sont des documents précieux car ils permettent d'affiner les datations.
Je commence doucement à faire la même chose avec Clementi et Broadwood. Un autre projet, plus lointain et difficile, consistera à constituer une archive d'enregistrements de grands interprètes sur Pleyel. Je signale au passage la page web:
http://www.h3.dion.ne.jp/~bergheil/SamplePage.html
qui contient des enregistrements de pianos anciens, dont un grand Pleyel 1846, des Broadwood et bien d'autres, par un pianiste japonais dont je ne me souviens pas du nom. Je n'ai pas encore écouté mais ça me semble extrêmement intéressant.
Les personnes qui me connaissent bien peuvent s'étonner que je n'aie pas d'abord écrit de telles pages autour du clavecin avant d'en faire sur le piano. J'espère le faire un jour, mais il y a beaucoup moins d'urgence, car d'une part cela a déjà été fait dans de très bons livres (je pense par exemple à la récente réédition du Boalch), d'autre part je crois que nous traversons quelques années où le piano romantique (je parle de l'instrument) est en danger: danger d'abandon (combien partent au feu faute d'acquéreur! et pourtant les prix sont bas), danger de désintérêt (le piano à queue du 19ème est jugé trop différent du piano moderne pour servir d'instrument principal de travail à un pianiste professionnel, jugé trop encombrant pour un amateur, et il est objectivement un mauvais objet commercial pour le restaurateur averti car la léthargie du marché lui laisse peu de chances de rétribuer correctement son travail); grands dangers de destruction par restauration maladroite dûe à l'ignorance ou, ce qui est pire que l'ignorance pure, au "j'ai l'habitude, c'est mon métier" et "je sais refaire un piano", sans compter les bars et les bureaux de notaire (on m'a dit que les notaires adoraient les pianos carrés, je n'ai pas vérifié). Le piano du milieu du 19ème siècle est profondément différent du piano moderne par sa structure beaucoup (ou relativement) plus frêle, ses diamètres de cordes plus faibles, ses tensions de cordes beaucoup plus faibles surtout dans le médium, une tension totale entre le tiers et les deux tiers de ce qu'elle est sur un piano moderne de même longueur, des marteaux plus légers et parfois garnis de cuir, une plus grande liberté de résonance des cordes, une recherche de timbre différente.
De plus le diapason utilisé au 19ème était généralement plus bas que le moderne la = 440 (ou do = 523.3) en Europe continentale, sauf en Angleterre autour de 1850 où il était équivalent, et même un peu plus haut que le diapason moderne. Pour en savoir plus sur l'évolution du diapason, je recommande le site (en Anglais):
http://www.mozartpiano.com/pitch.html
Il était donc, je crois, opportun de commencer ce travail sur le piano, qui est loin d'être achevé.
Si vous avez lu jusqu'ici, c'est sans doute que vous possédez déjà un piano de cette époque, peut-être en parfait état, peut-être avec de petites ou grandes misères, ou simplement par goût et curiosité. Dans la suite, j'ai tenté de répondre aux questions que l'on me pose le plus souvent: la datation, les bonnes adresses (de restaurateurs ou de fournisseurs de pièces), la bibliographie technique et historique, mais aussi de répondre à des questions que l'on ne me pose pas assez souvent (ou trop tard) comme la question délicate du degré de restauration souhaitable, celles du montage en cordes, du diapason, des colles et vernis, des cotes de réglage mécanique.
Il reste une question bien délicate aussi: quelle est la valeur de mon instrument? N'étant pas expert en la matière, je réponds presque toujours: "pas grand chose". Actuellement les pianos fabriqués entre 1830 et 1880 ne coûtent effectivement presque rien et ceux d'avant 1830 sont très inégaux: peut-être pour notre bonheur, car il n'est pas besoin d'être un nabab pour s'offrir une collection de beaux pianos à queue du XIXème, il "suffit" d'une grande maison et d'un entourage tolérant. Un de mes correspondants stocke sa trentaine de pianos (carrés pour la plupart) sur champ dans la chambre du fond de son petit appartement de banlieue, et ne met dans son petit salon que les un ou deux en état d'être joués. Peut-être aussi pour notre malheur: car si les Renoir sont habituellement recherchés et entourés de soins (pour leur beauté ou leur valeur?), on voit trop souvent ces magnifiques pièces (je parle des pianos) partir à la décharge faute de valeur spéculative. Si l'on vendait ceux des HLM qui profitent à des locataires qui y avaient droit il y a 20 ans, pour les remplacer par une vraie allocation de logement donnée à ceux qui en ont besoin et qui n'oblige pas à vivre avec un salon de 14 mètres carrés en communication acoustique directe avec la télé de la concierge, peut-être quelques pianos de plus seraient-ils sauvés du massacre... impossible utopie, car l'Etat perdrait son pouvoir de décider de l'adresse de ses fidèles sujets. Mais foin de la politique: pour avoir une idée de la valeur des pianos postérieurs à 1880 je conseille l'ouvrage de Daniel Magne, l'Argus du piano, co-édité avec la lettre du musicien, paru vers 1992.
A la suite de cette page, avant les belles images, vous trouverez des indications techniques utiles pour le réglage, le remplacement de cordes et la restauration de ces grands pianos. Les plus soigneux ou simplement ceux qui veulent apprendre l'art pourront se procurer l'excellent livre d'Arthur Reblitz (en anglais), très complet et précis, sur le réglage et la restauration des pianos - bricoleurs s'abstenir! disponible par exemple chez Heckscher à Londres, ou sa traduction en français par Marc Valdeyron, qui est disponible en librairie depuis mai 2005:
Arthut Reblitz: Le piano: accord, entretien et réparation, traduction par Marc Valdeyron, éditions l'Entretemps, 3 rue de Valautres, F-34570 SAUSSAN (elodie.entretemps@free.fr)
au prix de 45 .
La traduction de Marc Valdeyron, dont je peux dire qu'elle est excellente (j'ai participé à la correction d'une partie des épreuves), est basée sur la deuxième édition du Reblitz, qui est à peu près doublée par rapport à la première édition. Cela vaut donc la peine de l'acheter même si vous avez déjà la première édition du Reblitz; et, contrairement à l'Humanité, la traduction n'est pas plus chère que l'original.
Notez que le Reblitz est excellent sur le plan des réglages (notamment sur les mécaniques à double échappement) et de la réparation d'à peu près tout ce qui peut avoir à être réparé, mais qu'il n'aborde ni les problèmes spécifiques à la restauration (nuance non négligeable) ni ceux spécifiques aux pianos anciens (cordes en aciers tendres, mécaniques à simple échappement ou exotiques, etc.) pour lesquels il n'existe pas grande littérature. Je conseille dans tous les cas l'excellent petit livre de Florence Abondance sur la restauration des instruments anciens (c'est une vraie mine de bons conseils):
Florence Abondance, Restauration des instruments de musique, Office du Livre, Fribourg (Suisse) 1981
mais il faut surtout surtout beaucoup de réflexion, de bon sens, de patience, d'intelligence, de confrontations, et surtout jamais de hâte.
Ne pas accorder sa confiance à des techniques efficaces ailleurs mais souvent catastrophiques en lutherie. Je pense surtout aux colles: la plupart des colles modernes (vinyliques, epoxy, etc.) sont catastrophiques en restauration de piano comme en lutherie classique. A l'usage, les colles traditionnelles à chaud sont d'assez loin les plus faciles à utiliser. La viscosité des vinyliques (même sèches) absorbe le son, et presque toutes les colles vinyliques (sauf peut-être la Simoun, difficile à trouver) restent visqueuses après polymérisation, et sont donc à bannir pour les structures subissant une contrainte permanente. Il y a de quoi s'attrister devant les instruments massacrés par l'utilisation (même localisée) de résines epoxy (famille incluant les Araldite): ces résines ont beaucoup de qualités mais elles décomposent le bois à leur contact, ce qui est pour le moins gênant. Certains réparateurs (que je ne nommerai pas) utilisent de la colle à impact (néoprène) pour recoller les ivoires: ça marche à peu près mais quelques années plus tard on a une belle tache marron qui est passée à travers l'ivoire... Les colles cyanoacrylate (superglue, cyanolit etc.) peuvent être localement intéressantes (bloquer une vis qui se desserre, recoller l'extrémité d'un feutre d'étouffoir) mais elles sont souvent catastrophiques, et dangereuses pour recoller des ivoires - se souvenir qu'on ne place presque jamais un ivoire au bon endroit du premier coup! - et aboutissent presque toujours à terme à casser l'ivoire. Je suis actuellement en train d'expérimenter de nouvelles formules pour le recollage d'ivoires par une colle sans base aqueuse (pour que l'ivoire ne se déforme pas, afin d'éviter l'emploi de presses) et je vous en communiquerai ici le résultat dès que ce sera au point - ça ne l'est pas encore (octobre 2003).
Pour l'instant, la seule colle moderne réellement intéressante est la résine aliphatique (Elmers ou Titebond "professional aliphatic wood glue", souvent appelée familièrement "yellow glue"): bien pratique pour les petits travaux occasionnels, elle s'utilise sensiblement comme une vinylique mais elle est beaucoup plus résistante (plus du double des bonnes vinyliques); une fois polymérisée, elle est polissable et n'absorbe pas le son; son principal défaut est qu'elle ne se trouve en Europe que chez quelques spécialistes (par exemple à Paris chez Laverdure, qui a un bon choix de colles et vernis pour la lutherie, ou de façon plus irrégulière chez certains fournisseurs pour modélistes mais en petits flacons de conservation trop courte par rapport au rythme des ventes), alors qu'on la trouve à la droguerie du coin de la rue en Amérique du Nord. Plus sérieusement, c'est une excellente colle mais elle n'est pas réversible comme la colle de luthier et n'ouvre donc pas le droit à l'erreur, ce qui est presque rédhibitoire en restauration sauf lorsqu'il s'agit de réparer une pièce réputée non démontable (comme une tige de marteau cassée ou une petite fêlure de sommier) et soumise à de fortes contraintes mécaniques. Un détail peu connu, les colles aliphatiques doivent durcir dans une atmosphère relativement fraîche (si possible entre 10 et 20°C) pour avoir leur résistance optimale une fois durcies (ce qui n'est, je crois, pas le cas avec les vinyliques et est exactement l'inverse des epoxy). Je reviendrai plus loin sur le problème des colles.
En résumé, le problème du collage, comme du reste l'ensemble de la lutherie, est une chose complexe et le chemin à parcourir est beaucoup plus long, difficile et semé d'embûches pour un "bricoleur averti" alourdi de son savoir-faire que pour un novice patient, méticuleux et à l'esprit logique libéré des schémas tout faits. Un intellectuel boutonneux à lunettes a plus de chances de réussir en lutherie que le client aguerri de ****orama, bien outillé et pour qui "le bricolage n'a pas de secret", ou même que le menuisier professionnel, qui possède des techniques efficaces mais totalement inadaptées en lutherie.
Ne jamais oublier le principe de réversibilité, car en matière de restauration, personne, professionnel compris, n'est à l'abri d'une erreur et il faut toujours pouvoir revenir en arrière. Certains instruments, en plus de leur valeur musicale, sont de plus des instruments-témoins et il faut soigneusement documenter (photos) la restauration: je pense au problème des feutres sur les cordes, très rarement originaux, comment savoir quel était le montage d'origine sinon en se référant à un de ces "instruments-témoins"? Comment savoir si tel instrument à cordes pincées était joué avec la pulpe des doigts ou les ongles, sinon par la crasse et les rayures sur la table?
Revenons à nos Pleyel: les sceptiques qui auront la chance de pouvoir jouer, de faire sonner une pièce de Chopin ou d'improviser sur un Pleyel et un Steinway côte à côte et tous deux bien réglés comprendront l'enjeu musical. Deux excellents pianos, mais difficilement comparables. Le stade suivant consiste à confronter Erard, Pleyel, Broadwood et Clementi... et à approfondir les différences d'esthétique à l'intérieur de la parenté évidente de ces quatre marques.
N'étant pas un professionnel du piano, je suis encore moins à l'abri d'erreurs et vous demande la plus grande indulgence pour celles que j'ai certainement commises, et j'ai hâte de recevoir vos remarques, corrections, compléments, suggestions etc. Je décline naturellement toute responsabilité quant aux erreurs qui auraient pu se glisser dans ce document ou aux blessures occasionnées par les travaux ici décrits ou conseillés.
As I am somewhat lazy, I chose to include some English bits into this page rather than make a separate html document. Readers of both languages will find slightly more information than French-only, much more than English-only readers. This page is permanently under construction. I apologise for any inconvenience due to an incorrect or incomplete translation.
If you own or know of a grand Pleyel piano, dating from before 1930 (or a bit newer but with exceptional character), please let me know. The idea is to help love and protect these masterpieces of piano making, often overlooked but with a musical character so different from the `standard' modern piano, and help the owners meet and discuss related musical or technical topics, ease the access or exchange of spares and replica parts, share data like adjustment parameters, and protect the few surviving examples, part of our common heritage.
Photographs and descriptions are welcome, along with the serial number and any related historical information. Advertisements and documents on related instruments are of interest too (imitations, purveyors, subsidiaries and related makes like Antoine et Antonin Bord), other Pleyel instruments (harpsichords, clavichords, harps). I will return quickly the original documents (unless they were in electronic form) and will be glad to indicate your name, address, e-mail etc. but only with your permission. A friend on mine is currently making up an archive of great recordings on Pleyel instruments.
Towards the end of this page, one can find technical data concerning adjustment, stringing and restoration of these great instruments. Of course I am eager to receive corrections, additional information etc.
The sceptical reader who will be lucky enough to play and recreate Chopin's music on a Pleyel and a Steinway side by side, will understand the musical implication.
Disclaimer for NA readers: As usual, I cannot accept any liability for the consequences of any mistake contained in these pages, but they represent the best of my knowledge, double-checked whenever possible. Some of the work described may need the assistance of specially trained personnel and the use of suitable safety equipment. No user serviceable parts inside. A string may break and cause severe injury. Most pianos are heavy: they can damage floors or house structures and it is not recommended to carry them unless properly trained and equipped. Except on some modern pianos, castor wheels do not have brakes and it is recommended not to install a piano on a sloping surface. Strong playing may be harmful to your ears.
Du côté des livres: il y a
Du côté des collections, c'est un peu long... achetez donc mon livre! Vous ne le regretterez pas. Je vous conseille d'acheter la dernière édition.
Voici un site intéressant sur l'histoire des pianos Pleyel:
http://www.labart.univ-paris8.fr/~pleyel/pianos1.html, qui donne un historique succinct de la facture des pianos Pleyel, de la production des premiers pianos Boulevard Bonne-Nouvelle en 1805 au transfert à Saint Denis (l'actuel "carrefour Pleyel") par Wolf en 1867 et à la triste fermeture de l'usine en 1961.
Un piano qui ne tient plus l'accord? La solution du rechevillage (en chevilles plus fortes) est presque toujours recommandée par les réparateurs, mais attention, ce n'est pas toujours la meilleure solution, loin de là. La tenue d'accord n'est pas le seul ennui possible. Un grand principe est que presque tout est réparable: fentes de table, petites fissures de sommier, étouffoirs inopérants, mécaniques grippées... sont des ennuis relativement mineurs (seules les fentes de table ou de sommier requièrent une intervention urgente) mais dont les remèdes ne s'improvisent pas. Le remplacement de cordes, de chevilles cassées, la réfection d'un vernis au tampon ou, plus délicat, le réglage mécanique (spécialement sur les mécaniques à répétition), la remise en charge d'une table ou le remplacement du sommier sont des opérations demandant normalement la compétence d'un spécialiste, souvent coûteuses mais présentent peu de risques si le travail est fait proprement. D'autres défauts peuvent être dramatiques: je pense aux vers, le pire ennemi. N'importe quel vrai spécialiste de pianos anciens vous conseillera et au besoin interviendra. En France nous avons la chance d'avoir plusieurs de ces vrais spécialistes: parmi eux je citerai ceux que je connais le mieux, un peu dans l'ordre de leurs époques préférées, et en les remerciant de leurs précieux conseils ou de leurs encouragements: Alain Moysan (Ain) et Anthony Sidey (Paris) surtout pour les pianos avant 1830, Jean-Jacques Trinques (Foix), Jean Bedel (Malakoff), Dubuisson (Chartres?), Tassard (Fontenay sous bois) plutôt pour les instruments plus récents - mais ce ne sont pas les seuls.
Dans la suite j'examinerai deux importantes particularités des pianos Pleyel et Erard: le cordage et les réglages mécaniques. En effet, d'une part les jauges de cordes indiquées habituellement sur le sommier ne correspondent pas au système moderne de mesure, et d'autre part il existe dans le monde trois systèmes de cotes de réglage des mécaniques à répétition (double échappement): le système Erard, le système Pleyel et le système de tous les autres. Naturellement.
Ce qui suit n'est évidemment qu'une trousse de premier secours, et il est souvent plus important de dire ce qu'il ne faut pas faire que ce qu'il faut faire: c'est plus respectueux à la fois de la liberté individuelle et de l'instrument. Pour aller plus loin, il faut passer par la lecture du Reblitz (excellent livre - voir la bibliographie - mais qui parle de réglage et de réparation, non de restauration: il y a une différence!) ou s'adresser à un spécialiste. En tout état de cause il ne faut pas se faire la main sur un beau piano: j'ai donc enfin découvert un argument recevable pour acheter aussi un piano droit (je recommande certains modèles récents qui sont parfaits pour l'entraînement avec un rapport pannes/prix très intéressant).
Usually, three problems may arise when stringing an early piano.
First, getting the proper string diameters. French pianos made before 1904 do not follow the present Röslau chart giving the diameters in function of the gauge number. Most of them follow the 'Firminy gauge", which do not correspond linearly with the Röslau gauge: a complete correspondence stringing chart is available on this site.
Second, gauge markings may be absent or have disappeared. Then the best approach is to get the string diameters on the extreme treble through examination of similar instruments by the same maker, calculate tensions; estimate the tensions of the lowest non-overspun strings (e.g. using the highest bass overspun tensions as a reference); interpolate string tensions in order to find the proper diameters. Interpolation tends to be linear on early pianos, but gets non-linear (strings are much thinner than expected in the medium), say from the second half of the 19th Century. This is why it can be dangerous to interpolate string tensions linearly.
Third, the string material. Modern music wire is not recommended for early pianos. Modern music wire on early pianos is partly responsible for the "kitchen utensil sound" reputation of early fortepianos in part of the public (or ex-public). Wire makers usually indicate with each string spool, the string's maximum admissible tension: sound will be optimal when actual string tensions are all about 10 to 20% lower than their breaking limit. One has to choose the softest possible string material compatible with calculated string tensions.
Recorder un piano ancien exige plusieurs précautions dans le choix des cordes (les diamètres aussi bien que la métallurgie): pour faire ce travail sérieusement il est nécessaire de recalculer l'ensemble des tensions. Je publierai bientôt une page sur ce problème, mais je recommande le précieux livre de Malcolm Rose sur le sujet (cf. son adresse e-mail ci-dessous). Si le piano est postérieur à 1880, on peut sans inconvénient le monter avec des cordes de type moderne - bien entendu à condition de respecter les diamètres originaux, pas toujours faciles à déterminer. Le plus souvent les numéros de jauge des cordes sont écrits sur le sommier (Pleyel. Erard), parfois le chevalet (Broadwood) ou sur de petites étiquettes rondes et volatiles collées sur les feutres de sommier (Broadwood) et donc presque toujours perdues. Une fois connus les numéros de cordes, il reste à savoir à quelle jauge ils se rapportent, et pour cela je recommande de consulter mon tableau comparatif des jauges. Les cordes existantes sont une indication précieuse mais j'ai vu des cas où le piano avait été entièrement recordé de manière fantaisiste: la seule solution consiste alors à faire une grande enquête sur les pianos du même facteur et de modèles similaires à la même époque, de calculer leurs tension puis, partant d'une hypothèse de tensions, de recalculer les diamètres pour le piano à restaurer: cela revient à refaire le travail initial du facteur de pianos.
J'attire l'attention sur quelques points fondamentaux:
Pour résumer, lors d'un recordage, il faut examiner le diamètre des cordes, mais aussi le matériau (du moins pour les pianos avant 1870-1880). Ce sont deux problèmes différents.
Le diapason ne s'est fixé à la=440 (équivalent à do=523,3 en tempérament égal) que depuis 1940 environ. On a assisté il y a quelques années à une espèce d'escalade en hauteur, peut-être explicable par le fait que plus une corde est près de son point de rupture, mieux elle sonne. Ou dans les orchestres, par le fait psycho-acoustique que si un accord est faux, c'est l'instrument le plus bas que l'on accuse plus volontiers de fausseté... Cette escalade est toutefois restée modeste (on grimpe rarement au-delà de 445), peut-être grâce au fait que plus une corde est près de son point de rupture, plus elle a de chances de casser... Pour des raisons multiples, on a souvent tendance à jouer un peu au dessus du diapason officiel, c'est comme ça: ce n'est pas en remontant le diapason officiel pour l'aligner sur la pratique que l'on résoudra le problème, au contraire.
Cette belle normalisation mondiale du diapason (qui a entraîné avec elle les "baroqueux" qui utilisent presque toujours les variations par demi-tons autour de 440: 415, 392 etc.) est un phénomène récent. Des articles complets sont consacrés par exemple à la géographie des diapasons en Italie au 16ème siècle... Pour faire bref, je dirais que les diapasons du début du 18ème au début du 19ème siècle étaient le plus souvent autour de 420 à 425. On a assisté à une escalade assez violente en Angleterre vers 1850 où le la est monté à plus de 450 (alors qu'il restait plus calme sur le continent), un peu comme les cours de la Bourse, et le diapason officiel français du début du 20ème siècle était à 435. Le diapason standard moderne à 440 est le résultat de longues négociations et d'un compromis entre les diapasons anglais, plus hauts, et les diapasons continentaux plus bas. On ne peut pas vraiment parler, à l'échelle de l'histoire du piano, d'une ascension régulière du diapason, mais de fluctuations, de l'ordre de plus ou moins un demi-ton.
Pour ne parler que des diapasons "officiels" des facteurs de pianos, je citerai (d'après une source anglaise):
1780: 421.3 (Stein)
1800: do = 505.7 (Broadwood) ce qui donne la=425.2 au tempérament égal mais autour de 421.4 avec les tempéraments inégaux classiques(mi = 505.7 x 5, la = 505.7 x 5 / 6)
1835: 443 (Wolfels)
1836: 446 (Pleyel, je pense qu'il s'agit de Pleyel Londres)
1849 à 1854: 445.9 (Broadwood) - pendant cette période la Philharmonie de Londres était à 452.9!
1860: 448.4 (Cramer, London)
1877: 449.9 (Collard), 455.9 (Chappell), 448.8 (Hipkins, un accordeur)
1879: 455.3 (usine Erard Londres), 454 (Steinway England)
1880: 455.3 (Erard Londres, Broadwood)
1925: 440 (American Music Industry)
1936-39: 440 (American Standards Association puis accords internationaux)
(données extraites des "UK Piano Pages", Association of Blind Piano Tuners)
On a l'impression d'un sommet vers 1850 puis d'une redescente... je n'ai pas de données précises pour la France mais je crois qu'entre 1850 et 1930 le diapason français était notablement plus bas que l'anglais, le diapason à 440 est arrivé dans les années 1930-1940 comme un heureux compromis intermédiaire entre l'anglais et le français, grâce à l'ingérence de nos amis américains. Ce que je ne sais pas, c'est si les maisons Pleyel et Erard, présentes à Paris et à Londres, répercutaient ces différences de diapasons sur la conception de leurs instruments. J'espère qu'un lecteur de cette page pourra m'éclairer. Il serait très intéressant de comparer finement les longueurs de cordes et plans de cordage de deux modèles de même taille et de la même année produits par la même maison de part et d'autre du Français Canal (appelé English Channel par les Anglais, à tort car nous l'avons découvert les premiers).
Tout cela serait encore relativement simple s'il n'y avait le problème du tempérament... contrairement à une opinion répandue, si le tempérament mésotonique proprement dit était déjà peu utilisé vers le début du 18ème siècle, les accordeurs de piano ont continué à utiliser des tempéraments bien nettement inégaux jusqu'au milieu du 19ème. Les pianos Broadwood étaient accordés en usine dans un tempérament inégal (je ne sais pas lequel, l'enquête est en cours...) jusqu'en 1854 (Franz Liszt, amateur de Broadwood comme l'était Beethoven, jouait donc en tempérament inégal). Et le tempérament n'est pas neutre sur le diapason: si on considère que le tempérament inégal utilisé consistait à faire monter certaines notes et à en descendre d'autres par rapport à leurs hauteurs dans le tempérament égal, le choix du la se trouve modifié. C'est ainsi que l'accordeur londonien Hipkins utilisait 433.5 pour son tempérament inégal (qualifié de "meantone" mais sans doute pas vraiment mésotonique) mais 436.0 pour le tempérament égal. Je ne sais pas si le facteur essentiel était alors de limiter la tension de la corde la plus tendue, ou de conserver la tension totale - je pencherais pour la deuxième hypothèse car il est moins grave de casser une corde que de plier une table d'harmonie...
Un peu de calcul maintenant. Sachant que dans la plupart des tempéraments inégaux la tierce fa-la est centrale, si l'on descend d'une tierce "égale" à partir de la = 436 on obtient fa = 346.05. Si l'on descend d'une tierce pure à partir de la = 433.5 on obtient fa=346.8, donc un fa àpeine plus haut que le fa du tempérament égal. Or, si l'on passe d'un tempérament égal à un tempérament inégal, le fa est la note qu'il faut remonter le plus (quelle que soit la formule classique de tempérament, de Vallotti à Werckmeister): ici avec le double diapason, si l'on passe de l'égal à l'inégal on baisse toutes les notes sauf le fa. Cela tendrait à dire que c'est bien la surtension du fa, la note "névralgique", que l'on veut limiter pour ne pas la casser, sachant qu'en général la progression des longueurs de cordes est régulière.
La maison Broadwood était sans doute très soucieuse de ces problèmes qu'elle a abordés de manière originale. Mon Broadwood (d'environ 1847) possède des sauts brusques de longueurs de cordes, dont l'essentiel s'explique par la volonté de rendre régulière la progression des tensions des cordes (donc le volume sonore) malgré les changements (quantifiés) de diamètres de cordes. Ceci étant posé, il y a un résidu d'irrégularité qui à mon avis ne s'explique certainement pas par la maladresse du facteur (qui était de toute évidence plutôt habile) mais par la volonté de prendre en compte les petits écarts de tensions dûs à l'adoption d'un tempérament inégal. En théorie, en faisant des mesures très précises on devrait pouvoir retrouver exactement le tempérament, mais dans la pratique le problème est mathématiquement assez mal conditionné. Affaire à suivre.
Concernant le tempérament au début du 19ème siècle, il existe un disque qui me semble intéressant mais que je n'ai pas encore écouté: "Beethoven in the Temperament - Historical tunings on the Modern Concert Grand" (Gasparo #332), que l'on peut commander à
Les facteurs français comme Pleyel mais aussi Erard, Gaveau et les autres, utilisaient comme table de correspondance entre numéros et diamètres, la jauge de Firminy, différente de la table allemande (Röslau) que presque tout le monde utilise aujourd'hui.
Outre les (légers) changements de timbre, l'utilisation de la jauge allemande, hélas seule utilisée par la plupart des réparateurs, induit surtout des tensions de corde différentes de la normale qui ne sont bonnes ni pour l'instrument (déformations...) ni pour le son. Si votre instrument a été remonté en cordes après 1960 il est prudent de faire vérifier le diamètre des cordes et au besoin de remplacer les cordes qui ont un diamètre incorrect (le plus souvent, trop faible). Attention, il se peut qu'une ou plusieurs cordes aient été remplacées volontairement par des cordes de section plus faible en raison d'une faiblesse structurelle du piano, il convient donc d'être prudent même dans la correction de ce qui paraît être une erreur.Voici une table de cordage qui rassemble les principales jauges, dont Röslau et Firminy. J'y ai inclus les diamètres faibles inusités dans le piano moderne mais utilisés sur les clavecins, clavicordes et pianoforte - et peut-être ailleurs. N'oubliez pas qu'il existe (indépendamment du diamètre) plusieurs nuances d'acier pour les cordes, il faut examiner la question de très près pour les instruments avant 1870 -1880. Une nuance métallurgique mal adaptée au piano n'abîmera pas le piano, mais un métal trop tendre cassera et un métal trop dur pour le piano donnera un très mauvais son.
Notons que la démarche classique (et logique) du réparateur qui ne fait pas une remise à niveau complète du piano, consiste à :
Encore une petite remarque, sur beaucoup de pianos français restaurés, et en particulier les Pleyel, on trouve des feutres posés par erreur sur les "extrémités mortes" des cordes (entre chevalet et pointes d'accroche). Ces feutres étaient utilisés parcimonieusement par les facteurs français car ils empêchent certaines résonances, et il me semble que beaucoup de restaurateurs actuels sont malement influencés par les pianos allemands qui ont, eux, besoin de ces feutres car ils sont munis de systèmes de résonance très différents (barres capo d'astro rarement utilisées en France sauf chez Gaveau et, je crois, Kriegelstein, segments aliquotes jamais utilisés en France). En particulier sur les 5 octaves aiguës des Pleyel antérieurs à 1930 il y a une mince bande de feutre (casimir) sous les pointes d'accroche, mais rien d'autre jusqu'au chevalet. Même chose sur les Erard croisés : une étroite bande de feutre sur le bord du cadre à côté des pointes d'accroche (et rien sous les pointes d'accroche!), le seul feutre supplémentaire d'étouffement des parties mortes des cordes entre chevalet et pointes d'accroche est dans les cordes basses (filées), c'est tout. Il est vrai que mettre des feutres partout est une méthode facile pour éliminer les petits "dzing" parasites, mais ce n'est pas la bonne. Au cas où une corde zingue, il faut retravailler la bouclette ou le passage des pointes de chevalet, et non étouffer. Ce sont toutes ces petites choses rajoutées qui font le son... L'ancêtre Pascal Taskin allait jusqu'à expérimenter pour trouver le meilleur endroit où la béquille devait soutenir le couvercle, pour permettre à ce dernier de mieux participer à la vibration. Tel que je le connais il devait même écouter ses touches... Et tout luthier sérieux évidera le dessous de la touche de ses violons avec soin, est-ce par hasard?
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Je disais que ce problème ne mérite vraiment d'être examiné que pour les pianos produits avant 1870-1880.
Cette fois le bât blesse un peu car il va falloir entreprendre un travail de bénédictin: relever les longueurs de toutes les cordes du piano.
Un tableur (j'utilise !SSS, Simple SpreadSheet de Chris T. Stretch sous RiscOS mais il existe d'autres tableurs gratuits sous presque tous les systèmes) va maintenant nous rendre de grands services car il va falloir, pour chaque note et si l'on connaît déjà les diamètres:
On a alors obtenu l'ensemble des tensions, corde par corde.
La "vraie" formule donne la force en Newtons à partir des autres grandeurs exprimées en kg, mètres et secondes:
où est la masse volumique du métal, d'où
où est l'accélération de la pesanteur (qui entre dans la définition du "kilogramme-force")
La formule ci-dessus n'est pas valable pour les cordes filées, pour lesquelles la formule est beaucoup plus compliquée (elle fait intervenir le diamètre de l'âme et le diamètre du fil de cuivre, et devient carrément tordue en cas de filetage double), mais en général on peut s'en passer. Normalement la tension par note (égale à 3 fois la tension par corde pour les triples, 2 fois pour les doubles etc.) doit progresser de manière très régulière et c'est le moment de vérifier qu'il n'y a pas d'erreur dans le plan des diamètres - de petites dents de scie sont habituelles dans l'aigu, et des sauts parfois importants dans les graves (surtout sur les petits pianos) aux passages cordes simples - doubles - triples ou entre les dernières cordes filées et les premières cordes nues.
ATTENTION: On notera que la progression des tensions n'est pas du tout linéaire sur les Pleyel à cordes croisées. Pour ces pianos, il ne faut donc jamais céder à la tentation d'utiliser pour les cordes médium-aigu un logiciel de calcul de cordes par interpolation linéaire des tensions connaissant la plus aiguë et la plus grave (les professionnels disposent souvent d'un tel logiciel, qui s'applique assez bien aux cordes filées basses). La solution est, soit de se reporter aux équivalences Firminy-Röslau pour trouver la meilleure approximation de chaque corde, soit (de préférence) de calculer la courbe théorique des tensions puis de calculer avec quels diamètres Röslau on peut s'en approcher le plus. J'en profite pour un peu de publicité pour le logiciel StringIt, dont j'écrivais en 2005 qu'il serait prêt pour 2006. Les temps sont durs.
WARNING: The progression of string tension on non-overspun strings is not linear at all on Pleyel cross-strung grands. Therefore one should never be attempted to calculate string diameters by interpolating between the lowest and highest strings using interpolating software, as this software (widely used to calculate bass strings) interpolates linearly: this would give much too high string tensions in the medium and severely damage the pinboard (wrestplank). To restring a piano using modern Röslau gauge strings, the best solution is to calculate all theoretical tensions, smooth the diagram to infer the designer's original intention, then to determine for each string which is the Röslau number which will give the best approximation of these ideal tension. The author is currently designing a piece of computer software which will be able to calculate tensions and to (re)calculate a complete stringing chart from the table of string lengths. This will hopefully be commercially available in 2006.
Tensions (totales par note) sur le demi-queue Erard no. 75163 de 184cm (cordes parallèles). On voit comme à l'habitude une dent de scie à chaque changement de diamètre. L'aigu est tendu ici à environ 50 daN par note, la montée est remarquablement linéaire jusqu'au ténor (75 daN) à part une petite anomalie à l'extrême aigu (calculs de l'auteur)
Tensions des cordes non filées sur le demi-queue Pleyel no. 120069. On voit une dent de scie à chaque changement de diamètre. L'aigu remonte jusqu'à 70 kgf par note, témoignant d'une conception sonore bien différente d'Erard. (calculs de l'auteur). Quelle était l'intention du concepteur, avec cette courbe en cuvette? D'égaliser l'inharmonicité, de compenser la courbe naturelle de sensibilité de l'oreille ou simplement de donner un extrême aigu plus brillant?
Si l'on a passé avec succès cette étape: toutes les tensions sont calculées (pas une sur deux, toutes!) et la courbe des tensions est raisonnablement régulière, alors c'est du gâteau. On se reporte par exemple à l'excellente petite brochure de Malcolm Rose qui donne les tensions maximales pratiques pour chaque diamètre de corde, et on prend la gradation de corde la plus molle possible (A plutôt que B, B plutôt que C etc.) qui soit compatible d'un bout à l'autre avec les associations tension/ diamètre trouvées. On peut (et c'est conseillé) améliorer encore en choisissant des cordes plus tendres pour les cordes blanches les plus graves, juste avant le passage aux cordes filées.
Attention, toutes les cordes d'une même gradation n'ont pas des tensions maximales proportionnelles à leur section: en effet les sections plus fines sont souvent plus écrouies et donc relativement plus résistantes. Inversement dans la recherche des diamètre authentiques, ceci peut donner des indications précieuses en introduisant une contrainte supplémentaire sur le diamètre.
Le diagramme des pressions (tension / section) du même Erard no. 75163: on voit que les pressions sont extrêmes à l'aigu, profitant de l'écrouissage du métal au tréfilage. C'est encore plus marqué sur le Pleyel.
Si le calcul montre qu'aucun des grades de cordes proposés par Malcolm Rose ou par Stephen Paulello ne permet de résister à la tension calculée, alors il faut monter des cordes modernes: c'est tout simple.
A titre indicatif, chez Malcolm Rose, une corde de diamètre 0,30 mm pourra être tendue jusqu'à: 6,4daN (grade A), ou 8,1 daN (grade B).
Une corde de diamètre 0,60 m (section 4 fois plus forte) supportera 20,8 daN en grade B (soit beaucoup moins que 4 fois la tension limite de la corde de 0,30 ! normal, une corde plus fine est plus écrouie comme je disais plus haut), 29 daN en grade C et ... encore un peu plus en grade D.
Il faut bien que je me limite, et mon emploi du temps m'y aide, je ne donnerai donc pour cette édition que le plan de cordage du Pleyel no. 120069 demi-queue (cadre serrurier). Ce plan de cordage est resté utilisé de longues années par Pleyel sur ses modèles demi-queue, et il n'a été abandonné qu'avec l'apparition des cadres en fonte monobloc, au profit de diamètres plus forts et donc de tensions plus fortes que la nouvelle structure a permises. Je serai reconnaissant à qui voudra bien confirmer ou infirmer ces mesures sur des modèles plus anciens ou plus récents. Les jauges indiquées sont celles de Firminy. Pour traduire en Röslau, plutôt que de chercher pour chaque numéro de Firminy quel est le no. Röslau le plus proche, il est plus sain de recalculer l'ensemble des jauges de Röslau que Gustave Lyon aurait lui-même choisis pour calquer au plus près la forme générale de la courbe de tensions montrée plus haut. Je n'ai pas encore fait ce travail...
note | no. Firminy sur sommier |
diamètre d'après n° (millimètres) |
diamètre d'âme mesuré |
diamètre filetage |
longueur de corde (millimètres) |
remarques | |
AAA | la | 1.4 | 1.35 double filetage | 1386 | 1 corde par note | ||
AAA# | 1.4 | 1.35 double filetage | |||||
BBB | si | 1.4 | 1.25 double filetage | ||||
CC | do | 1.4 | 1.2 double filetage | ||||
CC# | 1.4 | 1.1 double filetage | |||||
DD | ré | 1.4 | 1.05 double filetage | ||||
DD# | 1.4 | 1.0 double filetage | |||||
EE | mi | 1.4 | 0.95 double filetage | 1337 | 1 corde par note | ||
FF | fa | 1.3 | 1.15 | 1326 | 2 cordes par note | ||
FF# | 1.3 | 1.05 | |||||
GG | sol | 1.25 | 1.05 | ||||
GG# | 1.25 | 1.0 | 1285 | ||||
AA | la | 1.25 | 0.97 | ||||
AA# | 1.25 | 0.82 | |||||
BB | si | 1.25 | 0.77 | ||||
C | do | 1.25 | 0.72 | 1216 | 2 cordes par note | ||
C# | 1.1 | 0.72 | 1197 | 3 cordes par note | |||
D | ré | 1.1 | 0.62 | ||||
D# | 1.1 | 0.55 | |||||
E | mi | 1.1 | 0.45 | ||||
F | fa | 1.1 | 0.40 | ||||
F# | 1.1 | 0.35? | 1083 | 3 cordes par note | |||
G | sol | 22 | 1.32 | 1293 | non filetées | ||
G# | 21 | 1.24 | 1277 | ||||
A | la | 20½ | 1.2 | ||||
A# | 20 | 1.16 | |||||
B | si | 19½ | 1.12 | ||||
c | do | 19½ | 1.12 | 1165 | |||
# | 19 | 1.08 | |||||
d | ré | 19 | 1.08 | ||||
d# | 18½ | 1.05 | |||||
e | mi | 18½ | 1.05 | 1000 | |||
f | fa | 18 | 1.04 | ||||
f# | 18 | 1.04 | |||||
g | sol | 17½ | 1.02 | ||||
g# | 17½ | 1.02 | 788 | ||||
a' | la | 17 | 1.00 | ||||
a'# | 17 | 1.00 | |||||
b' | si | 16½ | .98 | ||||
c' | do | 16½ | .98 | 628 | |||
c'# | 16 | .96 | |||||
d' | ré | 16 | .96 | ||||
d'# | 15½ | .94 | |||||
e' | mi | 15½ | .94 | 508 | |||
f' | fa | 15½ | .94 | ||||
f'# | 15 | .92 | |||||
g' | sol | 15 | .92 | ||||
g'# | 15 | .92 | 410 | ||||
a'' | la | 15 | .92 | ||||
a''# | 14½ | .89 | |||||
b'' | si | 14½ | .89 | ||||
c'' | do | 14½ | .89 | 329 | |||
c''# | 14½ | .89 | |||||
d'' | ré | 14½ | .89 | ||||
d''# | 14 | .87 | |||||
e'' | mi | 14 | .87 | 262 | |||
f'' | fa | 14 | .87 | ||||
f"# | 14 | .87 | |||||
g'' | sol | 14 | .87 | ||||
g''# | 14 | .87 | 212 | ||||
a''' | la | 13½ | .84 | ||||
a'''# | 13½ | .84 | |||||
b''' | si | 13½ | .84 | ||||
c''' | do | 13½ | .84 | 173 | |||
c'''# | 13½ | .84 | |||||
d''' | ré | 13½ | .84 | dernier étouffoir | |||
d'''# | 13½ | .84 | |||||
e''' | mi | 13 | .82 | ||||
f''' | fa | 13 | .82 | ||||
f'''# | 13 | .82 | |||||
g''' | sol | 13 | .82 | ||||
g'''# | 13 | .82 | |||||
a'''' | la | 13 | .82 | ||||
a''''# | 13 | .82 | |||||
b''" | si | 13 | .82 | ||||
c'''' | do | 12½ | .79 | 92 | |||
c''''# | 12½ | .79 | |||||
d'''' | ré | 12½ | .79 | ||||
d''''# | 12½ | .79 | |||||
e'''' | mi | 12½ | .79 | ||||
f'''' | fa | 12½ | .79 | ||||
f"''# | 12½ | .79 | |||||
g'''' | sol | 12½ | .79 | ||||
g''''# | 12½ | .79 | |||||
a''''' | la | 12½ | .79 |
Les diamètres de cordes sont considérablement plus forts sur les pianos à cadre en fonte. En voici un exemple intéressant, relevé sur le Pleyel double no. 117722 (en cours de restauration en 2003), à peine plus ancien que le précédent mais à cadre en fonte monobloc et à 88 notes. Il est intéressant de noter les différences:
note | no. Firminy sur sommier |
diamètre d'après n° (millimètres) |
diamètre d'âme mesuré |
diamètre filetage |
longueur de corde (millimètres) |
remarques | |
AAA | la | 1 corde par note | |||||
AAA# | |||||||
BBB | si | ||||||
CC | do | ||||||
CC# | |||||||
DD | ré | ||||||
DD# | |||||||
EE | mi | ||||||
FF | fa | 1 corde par note | |||||
FF# | 2 cordes par note | ||||||
GG | sol | ||||||
GG# | |||||||
AA | la | ||||||
AA# | |||||||
BB | si | ||||||
C | do | 2 cordes par note | |||||
C# | 2 cordes par note | ||||||
D | ré | ||||||
D# | |||||||
E | mi | ||||||
F | fa | ||||||
F# | 3 cordes par note | ||||||
G | sol | ||||||
G# | |||||||
A | la | 2 cordes par note | |||||
A# | 21 | 1.32 | 1325? | 3 c. non filetées | |||
B | si | 21 | 1.32 | ||||
c | do | 21 | 1.32 | 1210? | |||
# | 21 | 1.32 | |||||
d | ré | 20½ | 1.2 | ||||
d# | 20½ | 1.2 | |||||
e | mi | 20½ | 1.2 | ||||
f | fa | 20½ | 1.2 | ||||
f# | 20½ | 1.2 | |||||
g | sol | 20 | 1.16 | ||||
g# | 20 | 1.16 | |||||
a' | la | 20 | 1.16 | ||||
a'# | 20 | 1.16 | |||||
b' | si | 20 | 1.16 | ||||
c' | do | 19½ | 1.12 | 640? | |||
c'# | 19½ | 1.12 | |||||
d' | ré | 19½ | 1.12 | ||||
d'# | 19½ | 1.12 | |||||
e' | mi | 19½ | 1.12 | ||||
f' | fa | 19 | 1.08 | ||||
f'# | 19 | 1.08 | |||||
g' | sol | 19 | 1.08 | ||||
g'# | 18½ | 1.05 | |||||
a'' | la | 18½ | 1.05 | ||||
a''# | 18½ | 1.05 | |||||
b'' | si | 18 | 1.04 | ||||
c'' | do | 18 | 1.04 | ||||
c''# | 18 | 1.04 | |||||
d'' | ré | 17½ | 1.02 | ||||
d''# | 17½ | 1.02 | |||||
e'' | mi | 17½ | 1.02 | ||||
f'' | fa | 17 | 1.00 | ||||
f"# | 17 | 1.00 | |||||
g'' | sol | 17 | 1.00 | ||||
g''# | 17 | 1.00 | |||||
a''' | la | 16½ | .98 | ||||
a'''# | 16½ | .98 | |||||
b''' | si | 16½ | .98 | ||||
c''' | do | 16½ | .98 | ||||
c'''# | 16 | .96 | |||||
d''' | ré | 16 | .96 | ||||
d'''# | 16 | .96 | |||||
e''' | mi | 16 | .96 | ||||
f''' | fa | 15½ | .94 | ||||
f'''# | 15½ | .94 | |||||
g''' | sol | 15½ | .94 | ||||
g'''# | 15½ | .94 | |||||
a'''' | la | 15½ | .94 | ||||
a''''# | 15 | .92 | |||||
b''" | si | 15 | .92 | ||||
c'''' | do | 15 | .92 | ||||
c''''# | 15 | .92 | |||||
d'''' | ré | 14½ | .89 | ||||
d''''# | 14½ | .89 | |||||
e'''' | mi | 14½ | .89 | ||||
f'''' | fa | 14½ | .89 | ||||
f"''# | 14 | .87 | |||||
g'''' | sol | 14 | .87 | ||||
g''''# | 14 | .87 | |||||
a''''' | la | 14 | .87 | ||||
a'''''# | 14 | .87 | |||||
b''''' | 14 | .87 | |||||
c''''' | do | 14 | .87 |
Pour résumer, voici un tableau encore très inachevé, qui permet au moins de voir à quel point les plans de cordage peuvent être différents même sur les Pleyel de la même époque. Pour les cordes filées, en l'absence de numéros de jauge je donne les diamètres que j'ai mesurés. Par exemple "1.4 filet1.1+1.1" signifie: âme de diamètre 1.2mm, filetage double de diamètre 1.1mm.
Une édition ultérieure comportera les tensions calculées, et c'est sans doute dans les tensions que l'on trouvera l'explication des différences.
Dans le tableau suivant, on trouvera quelques exemples de plans de cordes de différents Pleyel.
no. 117722 | no. 117722 | no. 120069 | no. 120069 | no. 139398 | no. 139398 | no.156828 | no 156828 longueur |
||
double 88 notes cadre fonte |
demi-queue 85 notes cadre assemblé |
quart-queue 85 notes cadre fonte |
|||||||
no. Firminy sur sommier |
diamètre (millimètres) |
||||||||
AAA | la | monocorde | filet | 1.4 2 filets 1.35 |
monocorde | filet | mono | ||
AAA# | 1.4 2 filets 1.35 |
||||||||
BBB | si | 1.4 2 filets 1.25 |
|||||||
CC | do | 1.4 2 filets 1.2 |
|||||||
CC# | 1.4 2 filets 1.1 |
||||||||
DD | ré | 1.4 2 filets 1.05 |
|||||||
DD# | 1.4 2 filets1.0 |
||||||||
EE | mi | 1.4 2 filets 0.95 |
monocorde | mono | |||||
FF | fa | monocorde | 1.3 filet 1.15 | bicorde | bicorde | ||||
FF# | bicorde | 1.3 filet 1.05 | |||||||
GG | sol | 1.25 filet 1.05 | |||||||
GG# | 1.25 filet 1.0 | ||||||||
AA | la | 1.25 filet 0.97 | |||||||
AA# | 1.25 filet 0.82 | ||||||||
BB | si | 1.25 filet 0.77 | |||||||
C | do | 1.25 filet 0.72 bicorde |
|||||||
C# | 1.1 filet 0.72 tricorde |
||||||||
D | ré | 1.1 filet 0.62 | |||||||
D# | 1.1 filet 0.55 | ||||||||
E | mi | 1.1 filet 0.45 | |||||||
F | fa | 1.1 filet 0.40 | |||||||
F# | 1.1 filet 0.35 (?) | ||||||||
G | sol | 22 | 1.32 | ||||||
G# | 21 | 1.24 | bicorde | ||||||
A | la | bicorde | filet | 20½ | 1.2 | bicorde | filet | 21½tricorde | |
A# | 21 tricorde |
20 | 1.16 | 21½ tricorde |
21 | ||||
B | si | 21 | 19½ | 1.12 | 21½ | 21 | |||
c | do | 21 | 19½ | 1.12 | 21 | 20½ | ? | ||
# | 21 | 19 | 1.08 | 21 | 20½ | ||||
d | ré | 20½ | 19 | 1.08 | 20½ | 20 | |||
d# | 20½ | 18½ | 1.05 | 20½ | 20 | ||||
e | mi | 20½ | 18½ | 1.05 | 20½ | 19½ | |||
f | fa | 20½ | 18 | 1.04 | 20 | 19½ | |||
f# | 20½ | 18 | 1.04 | 20 | 19½ | ||||
g | sol | 20 | 17½ | 1.02 | 20 | 19 | |||
g# | 20 | 17½ | 1.02 | 20 | 19 | ||||
a' | la | 20 | 17 | 1.00 | 19 | 19 | |||
a'# | 20 | 17 | 1.00 | 19 | 19 | ||||
b' | si | 20 | 16½ | .98 | 19 | 18½ | |||
c' | do | 19½ | 16½ | .98 | 19 | 18½ | 1184 | ||
c'# | 19½ | 16 | .96 | 19 | 18½ | ||||
d' | ré | 19½ | 16 | .96 | 19 | 18½ | |||
d'# | 19½ | 15½ | .94 | 19 | 18 | ||||
e' | mi | 19½ | 15½ | .94 | 18 | 17½ | 1005 | ||
f' | fa | 19 | 15½ | .94 | 18 | 17½ | |||
f'# | 19 | 15 | .92 | 18 | 17½ | ||||
g' | sol | 19 | 15 | .92 | 18 | 17 | |||
g'# | 18½ | 15 | .92 | 18 | 17 | 818 | |||
a'' | la | 18½ | 15 | .92 | 17 | 17 | |||
a''# | 18¾ | 14½ | .89 | 17 | 16½ | ||||
b'' | si | 18 | 14½ | .89 | 17 | 16½ | |||
c'' | do | 18 | 14½ | .89 | 17 | 16½ | 655 | ||
c''# | 18 | 14½ | .89 | 17 | 16½ | ||||
d'' | ré | 17½ | 14½ | .89 | 17 | 16 | |||
d''# | 17½ | 14 | .87 | 17 | 16 | ||||
e'' | mi | 17½ | 14 | .87 | 16 | 15½ | |||
f'' | fa | 17 | 14 | .87 | 16 | 15½ | |||
f"# | 17 | 14 | .87 | 16 | 15 | ||||
g'' | sol | 17 | 14 | .87 | 16 | 15 | |||
g''# | 17 | 14 | .87 | 16 | 15 | ||||
a''' | la | 16½ | 13½ | .84 | 16 | 15 | |||
a'''# | 16½ | 13½ | .84 | 16 | 14½ | ||||
b''' | si | 16½ | 13½ | .84 | 16 | 14½ | |||
c''' | do | 16½ | 13½ | .84 | 15 | 14½ | 354 | ||
c'''# | 16 | 13½ | .84 | 15 | 14½ | ||||
d''' | ré | 16 | 13½ | .84 | 15 | 14½ | |||
d'''# | 16 | 13½ | .84 | 15 | 14½ | ||||
e''' | mi | 16 | 13 | .82 | 15 | 14½ | |||
f''' | fa | 15½ | 13 | .82 | 15 | 14½ | |||
f'''# | 15½ | 13 | .82 | 15 | 14½ | ||||
g''' | sol | 15½ | 13 | .82 | 15 | 14½ | |||
g'''# | 15½ | 13 | .82 | 14 | 14½ | ||||
a'''' | la | 15½ | 13 | .82 | 14 | 14½ | |||
a''''# | 15 | 13 | .82 | 14 | 14½ | ||||
b''" | si | 15 | 13 | .82 | 14 | 14½ | |||
c'''' | do | 15 | 12½ | .79 | 14 | 14½ | 190 | ||
c''''# | 15 | 12½ | .79 | 14 | 14½ | ||||
d'''' | ré | 14½ | 12½ | .79 | 14 | 14½ | |||
d''''# | 14½ | 12½ | .79 | 14 | 14½ | ||||
e'''' | mi | 14½ | 12½ | .79 | 13 | 14½ | |||
f'''' | fa | 14½ | 12½ | .79 | 13 | 14 | |||
f"''# | 14 | 12½ | .79 | 13 | 14 | ||||
g'''' | sol | 14 | 12½ | .79 | 13 | 14 | |||
g''''# | 14 | 12½ | .79 | 13 | 14 | ||||
a''''' | la | 14 | 12½ | .79 | 13 | 14 | |||
14 | - | - | 14 | ||||||
14 | - | - | 13½ | ||||||
14 | - | - | 13½ | 98mm |
Concerning stringing, up to about 1903 or 1904, French makers (Pleyel, Erard, Gaveau, Kriegelstein, Pape, Bord and others, probably Prestel too) used the Firminy gauge scale giving a different gauge number for a given actual diameter, than the modern widely used German "Röslau" gauge. Unfortunately most repairers and restorers do not know this "Firminy" gauge and frequently use wrong string diameters. Luckily enough, the same gauge number will generally give a heavier string with the Firminy gauge than with the Röslau one, which is distressful for the tone but will not harm too much the instrument except it may give unbalanced (if lower) stress on the frame and soundboard bearing. If your French instrument has been restrung out of France at any time or in France after 1960, it is recommended to check string gauges and replace as necessary. Here is my stringing chart which gives the correspondence between the main gauges used in Europe from the 18th century to modern.
Concernant la mécanique Pleyel, les hauteurs de marteaux au repos et surtout à l'attrape sont très différentes des hauteurs usuelles.
J'introduirai bientôt sur cette page la marche à suivre pour le réglage mécanique, ainsi que les cotes de réglage des Pleyel et celles des Erard. Voici une première version, où j'évite volontairement de parler des marteaux, sur lesquels le travail est très délicat et généralement hors de portée d'un amateur. Je donne ci-dessous les opérations du réglage mécanique à la portée d'un amateur soigneux et patient, qui lui permettront d'avoir une bonne première approximation et de laisser le spécialiste qui viendra compléter (et non réparer, j'espère) ce travail, consacrer son précieux temps aux réglages plus subtils de l'harmonisation.
Concernant la mécanique du piano et le pourquoi de ses réglages si fins, je recommande aux passionnés la lecture des articles d'Anders Askenfelt et de son équipe, déjà cités plus haut.
Sur la mécanique "à peigne", héritée de Broadwood, chaque groupe d'une vingtaine de marteaux partage un axe commun maintenu par les peignes en bronze. Le réglage d'azimut des marteaux ne pouvant se faire par rotation d'une fourche propre à chaque marteau, il faut utiliser une lampe à alcool pour agir sur la courbure des tiges (opération délicate). On remarque, en avant des peignes, les trous d'accès au réglage des poupées, peu accessibles si l'on ne sort pas la mécanique (pleyel no. 146801).
Le "chevalet" ou système de répétition, celui-ci appartient à une mécanique à peignes Pleyel tardive (no. 146801)
Schéma de principe d'une mécanique à répétition: ici, une mécanique Pleyel à peigne (no. 146801). Contrairement aux mécaniques allemandes construites sur le même principe, ici la vis de repos n'est pas fixée au chassis mécanique mais dans le pivot de marteau (ce qui est typique des mécaniques françaises). Son réglage agit sur la hauteur du levier de répétition en position de repos, et très secondairement sur la position du marteau au repos. Sur les Pleyel à peigne, les poupées d'échappement se règlent par au-dessus avec un outil spécial.
Chez Erard, les principales différences sont le ressort de répétition (ici hélicoïdal), qui est remplacé par un fil en V qui a le même double effet, ainsi que l'attrape qui au lieu d'être à l'arrière du marteau, traverse un évidement scultpté dans la tige de marteau (système imité par le fabricant strasbourgeois de mécaniques Schwander-Herrburger sur les mécaniques destinées aux pianos Henri Herz, Antoine et Antonin Bord et plus tard... Pleyel)
Mécanisme d'étouffoirs Erard (celle-ci est de 1918). Ce système d'étouffoirs par en-dessous est extrëmement facile à déposer (6 petites vis en haut et 2 grosses vis en bas) et reposer sans perdre aucun des réglages. Erard a abandonné cet excellent système vers 1920, au profit d'étouffoirs classiques (par au-dessus des cordes) et plus gros. Je trouve que l'ancien système ci-dessus donne un étouffement largement suffisant et plus en douceur.
Erard damper action (year 1918 shown). This underdamping system is extremely easy to remove and re-install (6 small plus 2 large screws) without losing the adjustments. Erard abandoned this excellent system towards 1920, enabling bigger overdampers but the improvement is dubious.
Concerning the Pleyel and Erard repetition actions, rest, check and letoff hammer depths are very different from usual (Steinway, etc.) settings:
Le document intéressant qui suit m'a été communiqué par Isaac Oleg en mai 2006, et je l'en remercie vivement.
Pour régler une mécanique à simple échappement dont les noix et le clavier ont été remis à neuf, il faut :
1°) Repivoter les marteaux et les remonter sur la barre des centres (ou des peignes), le chassis de mécanique étant séparé du clavier.
2°) le chassis du Clavier étant à nu, bien s'assurer qu'il porte sur la tab1ette une fois les blocs remis en place.
3°) Aléser les touches et dresser le clavier à la règle dans la caisse, avant de replacer le chassis de mécanique sur le clavier ceci quand, on aura mis sous le nez.[???]
4°) Les touches étant alésées et dressées on les enlève du chassis sur lequel on remonte la mécanique. On place le tout sur un plateau ou sur un établi bien droit représentant la tablette de clavier de la caisse. On remonte ensuite trois groupes de 4 ou 5 notes un dans la basse, un dans le medium et un dans les dessus et l'on se rend compte pour ces trois groupes de noter, ce qu'il faut faire pour régler la longueur de l'échappement.
Si on a regarni les nez, les échappements sont assez longs, si au contraire les nez n'ont pas été regarnis les échappements sont un peu courts ; dans ce cas, il faut abaisser un peu la mécanique pour rattrapper ce jeu. On y arrive facilement en enlevant un calage en carton qui est spécialement aménagé pour cela sur l'arasement des tenons des côtés de mécanique et l'on baisse l'écrou de la broche du milieu de la même quantité. On remet sous le nez de la manière suivante : le châssis de mécanique étant remonté sur le châssis de clavier, on peut remonter les touches facilement une par une en les penchant et en commençant par les dessus. En arrivant près de la broche du milieu (ajustée en hauteur) laisser toujours un vide de 7 touches permettant d'introduire la suivante.
On prend donc la première touche, on l'ajuste en hauteur, soit en limant le bout de l'échappement s'il est trop long, soit en le remontant avec un fort papier que l'on met sous sa fourche s'il est trop court ; on doit aussi veiller que l'échappement soit en face de la noix. On procède ainsi à chaque touche (cette opération peut paraître un peu compliquée, ce type de mécanique a complètement été abandonné aujourd'hui, mais on y arrive facilement qund on veut y mettre le temps nécessaire) Avant de démonter pour polir les échappements, on place la mécanique dans la caisse et on regarde s'il n'y a pas quelque mouche en papier a mettre au balancier, auquel cas on a soin de faire une [re]marque sur celles ci.
5°) On passe le bout des échappements à la mine de plomb et on les polit avec une palette en bois de bon cormier poli lui-même à la mine de plomb ? On pèse les ressorts avec un poids de 5 g en tenant la touche verticalement, l'échappement avec le poids de 5g a son extremité doit être perpendiculaire à la touche. On place les mouches aux marques faites , et on s'assure que tout est en bon ordre avant de remonter.
6°) On remonte le châssis de la mécanique sur le clavier ; pour y arriver facilement, on introduit une tringle entre le talon de l'échappement et sa fourche. Cette tringle doit être assez longue pour dépasser un des côtés de la mécanique , qui ont un vide permettant son passage. On s'assure que tout les ressorts sont dans leur encoche; on replace alors le chassis de mécanique qui vient s'arrêter sur la tringle que l'on retire alors en tirant.
On règle en faisant échapper à 2 mm, on fait attraper à 15 mm (on replace les marteaux sur les cordes en chauffant et on replace alors les attrapes en face des marteaux).
(Simone Pichot 1968, document retrouvé et communiqué par Isaac Oleg en mai 2006.)
(attention, cette partie n'a pas été mise à jour depuis plusieurs années)
De nombreux correspondants me demandent de les orienter vers de bonnes maisons pour le réglage ou la restauration de leurs pianos. Il existe beaucoup d'ateliers de restauration de pianos, dont certains sont excellents. Toutefois il faut bien prendre garde au fait que restaurer un pianoforte ou même par exemple un piano fran¢ais d'avant 1910 ou 1920 demande des compétences particulières que possèdent très peu d'artisans réparateurs, aussi excellents soient-ils en matière de restauration de pianos modernes. Pour la France, l'AFARP peut fournir une liste d'accordeurs-réparateurs généralistes, professionnels et diplômés. Si vous faites remetre à neuf votre Steinway 1925 c'est parfait; en revanche si vous devez par exemple faire restaurer un Pleyel de 1845 je pense qu'il n'y a pas plus d'une dizaine d'ateliers compétents en la matière en France (si vous habitez hors d'Ile de France vous avez peu de chances de trouver le bon restaurateur dans un département limitrophe! Un calcul simple, 5 près de Paris, 5 ailleurs, ca fait 5 ateliers pour 80 départements...). J'ai donc fait récemment un appel à mes correspondants pour qu'ils m'aident à faire une liste d'adresses.
Notez bien que, d'une part je ne peux pas me porter garant du travail des autres, ensuite que je me refuse à faire une liste de "maisons à fuir'", enfin que l'absence d'une maison sur cette liste ne signifie pas qu'elle soit mauvaise. Bref, merci de prendre cette liste sous toutes réserves.
L'ordre dans la liste est simplement le fruit du hasard et non un classement!
J'essaie aussi de montrer la dominante: certains sont surtout ébénistes, d'autres sont réparateurs généralistes de pianos, parmi ceux ci certains sont aussi spécialistes de pianos anciens, certains autres sont d'abord facteurs de clavecins et complètent leur activité en restaurant des pianos anciens mais ne s'occupent pas de pianos modernes, d'autres ne font que de la restauration ou des copies de pianos anciens, etc.
Bien entendu en cas d'erreur ou si vous désirez être retiré de cette liste, merci de m'envoyer un e-mail.
Pour les pièces détachées et fournitures / for spares and parts:
Attention, pour un même travail de déménagement les tarifs peuvent varier du simple au triple. Veillez à être très exact sur les conditions de difficulté, le type (longueur) du piano, etc. La plupart comptent un étage à partir de 5 marches. Dans des cas particuliers, et en particulier si l'escalier n'est pas utilisable, il faut un équipement spécial: grue fixée sur un camion, palan électrique fixé à une poutre... Vérifier soigneusement la taille des fenêtres. Certains panneaux de fenêtres peuvent être démontables. Et si c'est vraiment trop compliqué, déménagez et achetez un château, c'est tellement plus simple. Je ne comprends pas que tout le monde ne fasse pas comme ça.